Selon le code de l'environnement,les zones humides sont des« terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année». (Art. L.211-1 du code de l'environnement).
Réservoirs et régulateurs de l'eau dans les sols, les zones humides fonctionnement comme des éponges et abritent un écosystème spécifique. Ces milieux jouent un rôle important dans l'équilibre d'un biotope* donné et la bonne marche de sa biocénose** associée. Son principal acteur est l'eau.
Hier, et avant-hier en plein mois d'avril, les nuits ont été froides et ont provoqué des gelées conséquentes. De nombreux producteurs de fruits et vignerons ont vu leurs récoltes détruites en l'espace de quelques heures. Là où je suis, le maraîcher est en polyculture. Ainsi, certains de ses fruitiers ont gelé mais les jeunes plants de légumes ont résisté. Entre deux bouquets de radis, nous nous étions justement interrogés quelques jours avant sur la problématique de la monoculture dans ces cas.
Mais là n'est pas le sujet. Revenons là où je veux en être... Les sols étant gelés, nous leurs laissons le temps de se réchauffer. Je l'accompagne récupérer du bois récemment coupé à la lisière de l'un de ses champs que longe un cours d'eau. L'endroit est magnifique. Pissenlits, pâquerettes, monnaies du pape fleurissent et colorent l'herbe des pâturages de teintes jaunes, blanches et violettes. Depuis que nous y sommes arrivés une atmosphère douce et revigorante m'entoure, me redonnant force et courage qui me manquent quelque peu ces derniers jours. Je laisse cette ambiance m'envahir sans chercher à comprendre. Alors que je me bats avec des branchages qui font facilement deux fois ma taille, mon ami me fait signe « Viens, voir. je vais te montrer mon coin de paradis. »
Je le rejoins et me retrouve sous les saules et les aulnes hauts de plusieurs mètres qui recouvrent ce petit bout de champ. Il me fait ouvrir les yeux et voir ce que je ne faisais que ressentir : l'essence de la vie. Les arbres sont en plein réveil printanier. Les jeunes pousses de reine des près tapissent le sol. Une prêle se hisse timidement ainsi que de l'ail des ours. Un autre végétal dont les fleurs oscillant entre le rose pâle et le mauve perchées sur de hautes tiges éclairent la zone. L'eau dégorge de la terre. Nous prenons une poignée de la terre de ce lieu. Elle est lourde, noire, riche, vivante. Oui c'est le mot, cette terre est vivante. Mon ami me regarde et sourit. C'est son petit paradis.
Ce lieu est une zone humide. Le sol est gorgé d'eau, semblable à une éponge. Il m'explique que selon la saison, le sol sera plus ou moins humide servant de régulateur d'humidité des terrains alentours et des niveau des cours d'eau. Nul ne sera autorisé de son vivant à le détruire. La zone nourrit le reste, participe au renouvellement, à l'équilibre et à l'enrichissement du sol qui nous permet de vivre, nous et notre biocénose** dans notre biotope*. Un seul dérèglement peut rompre l'équilibre et nous faire perdre beaucoup.
Je souris. J'observe cet espace, notre matrice. Nous reprenons le travail, l'esprit silencieux .
photos : Filipendula ulmaria / zone humide / Cardamine des prés
*biotope : aire géographique soumise à des conditions édaphiques (en lien avec les propriétés du sol) et climatiques spécifiques
**biocénose : ensemble d'êtres vivants vivants en dépendance réciproque et dont les besoins vitaux sont assouvis afin d'assurer sa stabilité et son autonomie.
sources : sur le terrain :) / cours de botanique de l'ELPM / http://zones-humides.org/entre-terre-et-eau/une-zone-humide-c-est-quoi
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